mardi 2 février 2010

Veille Documentaire - 02 Février 2010

Bonjour à tous,

Le 1er février était une date butoir pour les 1500 entreprises françaises de plus de 1000 salariés qui devaient communiquer lundi sur les démarches effectuées en matière de risques psychosociaux. Le bilan n’est pas mauvais, 700 entreprises se sont inscrites auprès du ministère du travail. Un classement en fonction du degré d’implication sera rendu public mi-février, deux semaines supplémentaires ayant été octroyées afin d’éviter toute précipitation dans la rédaction du dossier. Le ministère du travail se félicite « d’un vrai mouvement » des entreprises pour le sujet. La seule véritable menace pour les entreprises se limitant à une détérioration de leur image, il reste à espérer que cela ne se réduise pas à des annonces de méthodes comparables à des « coquilles vides »…

A noter que l’Association Française des Banques (l’AFB), Rhodia et Carrefour tentent d’opérer des avancées sur la question des risques psychosociaux.
Un nouvel accord sur le phénomène des incivilités et des violences à été signé entre l’AFB et les syndicats du secteur. Il est ciblé sur les violences exercées par les usagers à l’encontre des professionnels. En 2006, ce défaut de coopération transverse avait déjà été souligné lors d’un premier accord. Il s’agit donc d’un prolongement des premières dispositions prises qui s’axe sur quatre lignes directrices : la définition des incivilités, l’identification des mesures de prévention, les mesures d’accompagnement psychologiques et juridiques et l’évaluation des incivilités par un groupe paritaire.
Selon Bourse Reflex, Rhodia et ses organisations syndicales viennent de signer un accord de méthode sur l'évaluation et l'analyse des risques psychosociaux au sein du groupe. Des démarches d'évaluation du stress au travail ont déjà été menées à l'échelle de quelques établissements.
Face à l’augmentation du taux de suicides à Carrefour (un employé s’est suicidé au mois d’Octobre), un diagnostic sur le stress au travail s’est mis en place depuis lundi. Quatre magasins ont été sélectionnés constituant ainsi un échantillon de répondants de 1600 salariés.

La semaine dernière des négociations sur le harcèlement et la violence au travail ont réuni syndicats et patronat (rappelons que l’enquête Summer de 2003 faisait état d’un salarié sur six en France estimant être l’objet de comportements hostiles dans le cadre de son travail).
Les résultats des négociations sont mitigés. Pour les organisations syndicales, il n’est pas possible de se cantonner à un simple copier-coller de l’accord européen. Selon eux, le texte ne fait pas suffisamment l’objet d’une application au contexte français. Ainsi la CFTC discute la notion de « cadre », traduction pure et simple de l’accord européen mais qui ne revêt pas la même signification en France, ce terme ne désignant pas nécessairement un professionnel doté de responsabilités hiérarchiques.
Concernant l’intervention de « médiateurs » choisis parmi les membres du personnel de l’entreprise, les syndicats jugent ce positionnement dangereux et prennent le parti de privilégier les CHSCT et les médecins du travail pour jouer ce rôle.
Le texte émanant du MEDEF est aussi accusé de ne se focaliser que sur des aspects purement individuels du harcèlement et de la violence, le patronat estimant qu’ils « sont dus à des comportements inacceptables d'un ou plusieurs individus », bien que « l'environnement de travail peut avoir une influence sur l'exposition des personnes au harcèlement et à la violence ». La prochaine séance de négociation se tiendra le 8 février et devrait permettre de corriger un texte qualifié par beaucoup de « passoire ».
Cette étonnante résistance à nier l’aspect organisationnel dans l’étude de ces phénomènes est souvent rencontrée. Je me suis replongée dans le dossier de l’Institut National de Recherche et de la Sécurité. Il nous dit ceci : « certaines conditions de travail dites « tendues » (rythmes de travail imposés par la hiérarchie, impossibilité de choix des horaires de travail, dépassement des horaires…) peuvent les favoriser. Les violences se manifestent également dans des situations de travail où les exigences au poste de travail sont élevées, où les marges de manœuvre et le soutien social sont faibles ».

Puisque je suis dans le sujet, j’en profite pour vous faire une petite révision :
Concernant la définition des comportements hostiles ou ressentis par les salariés comme tels, leur lecture peut être répertoriée sous trois aspects :
- Les comportements méprisants (mise à l’écart, sarcasmes …),
- Les atteintes dégradantes (humiliations, insultes obscènes, comportements à connotation sexuelle etc.),
- Le déni de reconnaissance (tel que l’attribution de tâches dénuées de sens, de mise au placard).

D’un point de vue statistique, une plus forte proportion de victimes est repérée chez les femmes (tout du moins majoritaires à déclarer ce type d’agissements) ainsi que chez les salariés les moins qualifiés. Ces comportements se retrouvent moins fréquemment dans les entreprises inférieures à 10 personnes.

De nombreux bruits ont couru sur le départ anticipé de Didier Lombard. Hier, une interview donnée dans le Figaro a confirmé la rumeur. A partir du 1er Mars, Didier Lombard passe les rênes au numéro 2 de France Télécom, Stéphane Richard. Le 24 Février, il sera demandé au conseil d’administration d’opérer une dissociation entre la fonction de président de celle directeur général. Le président du groupe s’attachera alors jusqu’au terme de son mandat (juin 2011) à mener à bien les grandes orientations stratégiques et technologiques tandis que Stéphane Richard sera exclusivement aux commandes opérationnelles.
Selon lui, si les objectifs de modernisation et de production du groupe ont été atteints, le bilan de ses actions est nuancé par l'absence d'une prise en compte immédiate de la souffrance provoqués par trop de changements brutaux : « sans doute aurions nous dû, dès le mois d'août, appliquer les mesures que nous avons mises en œuvre en octobre. Mais sur ces sujets humains extrêmement sensibles, il est très difficile d'évaluer la profondeur des choses ».

A voir enfin ; le site de Travail et Santé, avec une vidéo portant sur les restructurations et le rôle que devraient jouer les CHSCT. Il est vrai qu'à l'heure actuelle, le compromis entre santé et emploi n’est pas facile pour ces instances. Souvent confrontées aux chantages de la direction (« si vous voulez faire une enquête expertise, nous on va délocaliser »), cette commission présente aujourd’hui deux lacunes majeures :
- D’une part, l’absence d’instance centralisée des CHSCT laisse à l’entreprise en réseau une échappatoire au système de prévention actuel. Excepté quelques initiatives isolées (par exemple Thyssenkrupp qui a créé plusieurs groupes CHSCT en fonction des métiers), on observe un manque de coordination et de transmission d’informations ;
D’autre part, le cloisonnement entre CE et CHSCT constitue un frein à la force de leurs discours. La constitution d’un collectif entre ces deux instances pourrait pallier cette fragilité et créer un pont entre l’emploi et la santé.

Bonne lecture et excellente fin de semaine !

VB


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