mercredi 21 avril 2010

Veille documentaire du 13 Avril 2010

Bonjour à tous,

Voici, comme chaque semaine, l’essentiel de l’actualité psychosociale issu de la presse des derniers jours :

- Le très attendu programme d’Eric Woerth sur la question de la santé au travail est toujours en sommeil. Néanmoins, si rien d’officiel pour le moment n’est déclaré, certaines informations relatées par la presse conduisent à penser que le programme ne se poursuivra pas sur la lancée de Xavier Darcos. Au mois de février, la classification des entreprises en fonction de leur degré d’avancement sur la question du stress au travail avait été publiée sur le site du ministère du travail. Rapidement, les listes rouge et orange avaient été supprimées du site. Par la suite, le gouvernement s’était engagé à corriger et rétablir en totalité la classification à la fin du mois de mars. Promesse non tenue ! Malgré les retentissements médiatiques importants (1,2 million de connexions sur le site dès le premier jour), l'entourage du ministre du travail a confié qu’'Eric Woerth « ne souhaite pas poursuivre la mise en ligne » du fait des listes jugées « inadaptées » (Source AFP). Pour les syndicats, le retrait définitif de ces listes est une pilule difficile à avaler : "Elles ont été un accélérateur de débats dans les entreprises, un appui pour les syndicats. Y renoncer, c'est un mauvais coup porté à l'engagement de transparence du gouvernement et un bon signe envoyé au Medef", selon un conseiller CGT. (Source : Le Monde). Pour le ministère, « le volet des risques psychosociaux n'est pas un sujet qu'il met de côté, bien au contraire" mais la lutte en matière de santé au travail devrait passer par "d'autres formes". Il nous reste par conséquent à attendre un discours plus officiel quant aux remaniements opérés. Patience !

- L’article du Post titre de manière provocatrice « on se suicide aussi au pays de Mickey et de la Belle au bois dormant ». Le 26 mars dernier un cadre de 37 ans, chef de cuisine à Disneyland depuis plus de dix ans s’est suicidé. Un débat sur le ou les facteurs expliquant ce passage à l’acte a déjà commencé. Des problèmes personnels sont invoqués par la direction du parc d'attractions tandis que les collègues du salarié opposent des raisons professionnelles avec l’absence de dispositif pour alléger sa « double charge de travail ». Selon les syndicats, la flexibilité des horaires difficiles, la pression sur les salariés et l’absence de dialogue avec la direction de Disney a rendu la situation du travailleur trop critique pour être tenable. La famille du salarié a quant à elle récemment déclaré que cet acte était de la responsabilité de l’entreprise. Elle a présenté un mot écrit du salarié allant dans ce sens (« je ne veux pas retourner chez Disney »).
Deux suicides et une tentative de suicide ont eu lieu dans l’entreprise depuis février. Une cellule psychologique et un numéro vert ont été mis en place à l’attention de l’ensemble des salariés.

- C’est une première en France : une information judiciaire a été ouverte contre France Télécom et remet en question une organisation du travail soupçonnée de pathogène. Le rapport ayant mis le feu aux poudres a été établi par Sylvie Cathala, inspectrice du travail. Selon le document, le plan de licenciement établi fin 2006 et visant le départ de 22 000 personnes du groupe a développé un management « caractérisant le harcèlement moral ». Ces conclusions, étayées par un rapport d’expertise du cabinet Technologia, soulignent une « image brouillée et dégradée du management ». Sur le banc des accusés, les plus hauts dirigeants du groupe devront se justifier : "Les atteintes à la santé mentale, l'absence de prise en compte des risques psychosociaux liés aux réorganisations sont le résultat d'une politique mise en œuvre sur tout le territoire national au cours de la période 2006-2009. La responsabilité de cette politique et de ses effets n'incombe pas à chaque directeur d'unité France Télécom qui [n'a] fait qu'appliquer des décisions et des méthodes prises au plus [haut] niveau du groupe."

- Enfin, deux articles pourront vous intéresser. L’interview de Stéphane Richard, nouveau patron de France Télécom, souligne l’impact de la médiatisation importante des suicides sur le fonctionnement interne du groupe (« beaucoup de gens, à France Télécom, ont le sentiment d'un acharnement contre nous »). Le second article, intitulé « Psy des écorchés du travail », évoque la pratique du Docteur Brigitte Font Le Brett, psychiatre et spécialiste des pathologies liées au travail.

Bonne lecture à tous !


V.B


Revues de presse :
Le "name and shame" enterré : Les échos
Suicide à Euro Disney : Le Parisien, L'Express, Miroir Social,
Ouverture d'une information judiciaire à France Télécom : Le Monde, Libération, Le Nouvel Obs'

vendredi 9 avril 2010

Veille documentaire du 06 Avril 2010

Bonjour à tous,



J’espère que ce week-end prolongé vous aura permis de vous détendre. En ce jour de reprise d’activité, voici un exposé synthétique des évènements de la semaine passée.

A la une, la volonté du ministre du Travail Eric Woerth de tordre le cou aux TMS ! Intervenu jeudi dernier sur la question de la santé au travail, il a annoncé le lancement d’une campagne de communication axée sur la prévention des troubles musculo-squelettiques.

Après avoir engagé deux campagnes de sensibilisation en avril 2008 et en mai 2009, le gouvernement lance sa troisième campagne de communication sur les TMS le 19 avril prochain. Destinée à encourager la prévention, elle prendra la forme de spots radio et de communiqués dans la presse professionnelle.

Ces campagnes de communication sont plus que « nécessaires » : trois quarts des maladies professionnelles sont des TMS et une augmentation de 20% de TMS chaque année depuis plus de dix ans est constatée. Leur prévention constitue également un enjeu économique majeur ( selon Eric Woerth 787 millions d'euros sont pris en charge par l'assurance maladie et près de 8,5 millions de journées sont perdues pour les entreprises!).

Néanmoins, on peut penser que cette communication incitative aura un impact très limité. En effet, de l’avis de la FNATH, nous sommes loin d’une prise en charge opérante de ce trouble. Les personnes bénéficient souvent de très petit taux d’incapacité (moins de 10%) et les répercussions sur leur vie (démission contrainte par exemple) ne sont pas aujourd’hui prises en compte. De plus, nous dit la FNATH, sans mesures législatives, le système de réparation des accidents de travail et des maladies professionnelles va continuer à faire l’impasse sur le problème des TMS : « les TMS ne sont pas toujours déclarés par les travailleurs concernés et ne sont donc pas indemnisés dans le cadre de la réparation des accidents du travail et des maladies professionnelles, mais ils sont souvent pris en charge par l’assurance maladie. Cela conduit à alourdir le déficit de l’assurance maladie pour des frais qui devraient être en fait relever de la branche ATMP » ...

Seconde information, l’institut d’études OpinionWay, en partenariat avec « En ligne pour l’emploi » et le quotidien 20 Minutes, vient de publier les résultats du quatrième volet de son enquête sur les Français et leur rapport à l’entreprise. Selon cette étude, 72% des salariés français se disent heureux au travail (soit un peu moins qu’en Octobre 2009). Ils sont 81% à privilégier en tant que source de satisfaction « les gens avec qui ils travaillent ». Concernant l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle, 72% des personnes interviewées sont satisfaites. S’il est observé que le travail s’invite régulièrement dans la vie privée des salariés, - 53% travaillent de temps en temps pendant leur pause déjeuner -, l’inverse est également constaté, avec 65% des interviewés, qui affirment consacrer du temps à leur vie privée sur le lieu de travail (appels téléphoniques personnels par exemple).


Bonne lecture et à très bientôt !



V.B



Revues de presse :

Lancement de la campagne TMS 2010 selon Santé Plus, Les Echos et La Tribune, Le Point


jeudi 1 avril 2010

Veille Documentaire du 30 Mars 2010

Bonjour à tous,

Vous êtes prévenus, cette semaine ne s’est pas particulièrement montrée riche en évènements. Quelques buzz et articles de surface ne permettront pas vraiment d’alimenter notre volonté de comprendre ce qui se passe autour de nous. D’autant qu’Eric Woerth, notre désormais ministre du travail, ne semble pas vouloir desserrer les dents sur le sujet qui nous intéresse.

Ne dramatisons pas : quelques actions porteuses de changements, sont tout à même à signaler.

- Ainsi, après s’être opposé avec opiniâtreté aux partenaires sociaux, le patronat vient de faire un grand pas en avant en reconnaissant le harcèlement au regard de l’environnement au travail. La huitième séance de négociation sur le harcèlement et la violence au travail a finalement permis le 26 mars d’intégrer dans l’accord la dimension organisationnelle du travail comme un élément constitutif de ce risque. Grande avancée donc… Mais qui ne règle pas tout ! Sur ce sujet, je vous laisse jeter un œil à l’interview de Marie-France Pezé intitulée : « Suicide au travail, le cri d’alarme d’une psy ».

- Notons également que la Fondation Européenne pour l'Amélioration des Conditions de Travail débute sa cinquième enquête sur les conditions de travail dans 34 pays européens. Cette étude reposera sur des entretiens qualitatifs avec des travailleurs et se donne l’objectif de faire émerger les tendances marquantes en matière de qualité de travail et d’emploi.

- Enfin, l’INRS vient de concevoir un DVD destiné aux soignants et aux décideurs d’établissements de soins. On peut y voir une description des maladies professionnelles les plus courantes auxquelles sont confrontés ces professionnels. Des outils sont également proposés sous formes de retours d’expériences.

- En bonus je souhaite vous faire partager 3 articles portant sur la thématique des restructurations.

Tous 3 ont en commun de ne pas faire l’impasse sur les conséquences des restructurations et de mettre l’accent sur la nécessité d’anticiper et de piloter de manières concertées ces restructurations. Arnaud Degorre et Bénédicte Reynaud s’attachent par exemple à discuter l’« effet thérapeutique » de la réduction d’effectif sous un angle économiste. Jean-Pierre Aubert et Rachel Beaujolin-Bellet constatent quant à eux que pour faire face à ces transformations multiples déstabilisant le système de régulation, des remaniements de fonctions et de rôles sont opérés par l’ensemble des acteurs, qu’ils soient salariés, dirigeants ou représentants du personnel et posent la question : « comment penser la restructuration ? ». De leur côté, Maryse Dubouloy et Claude Fabre s’interrogent sur le point suivant : « Pourquoi faut-il cacher la souffrance ? », en rappelant pourtant que le fait de « refus[er] de penser la souffrance dans les entreprises se traduit par un envahissement de l’émotionnel, des passages à l’actes ou au contraire de l’hyper rationalisation ».

Bonne lecture à tous et très bon week-end de Pâques !


V.B