jeudi 15 mars 2012
Le corps stressé (1). Le stress, ça n’est pas seulement « dans la tête »
L'intérêt économique de la réduction du stress au travail n'est plus à prouver : les chiffres diffusés en 2007 sont éloquents. Les frais annuels dûs à l'absentéisme, à la réduction de la productivité et aux soins médicaux sont ainsi actuellement estimés à 300 milliards de dollars aux Etats-Unis, à 65 milliards au Royaume-Uni, et à 232 milliards au Japon. Des psychologues californiens ont donc passé en revue 79 études consacrées aux effets physiologiques du stress au travail. Contraintes organisationnelles, conflits interpersonnels, ambiguïté des tâches et des rôles, grand volume de travail, difficultés liées aux horaires, faible degré d'autonomie : voilà la liste des suspects les plus recherchés. Or, parmi eux, deux semblent particulièrement dangereux quant à leurs conséquences physiologiques : il s'agit des contraintes organisationnelles et des conflits interpersonnels. Ils seraient en effet à la source de symptômes physiques bien spécifiques : mal de dos, maux de tête, fatigue visuelle, troubles du sommeil, vertiges, fatigue, troubles de l'appétit et du système gastrointestinal.
Le mal de dos augmente avec le stress, sans doute parce que le seuil de tolérance à la douleur se trouve abaissé – ce qui serait une réponse du système immunitaire et une conséquence physiologique de la modification des niveaux de cortisol et de prolactine, laquelle constitue une réponse attendue de l'organisme en situation de stress. Des études menées spécifiquement sur l'arthrite rapportent ainsi que, dans les semaines qui suivent l'exposition à une source de stress entraînant une humeur négative, les douleurs ressenties par les patients sont plus vives qu'à l'habitude.
Les maux de tête répondent au même cercle vicieux, et procèdent d'une hypersensibilité à la douleur induite par la situation de stress. Le problème majeur est qu'ils entraînent eux-mêmes le plus souvent, par la tension nerveuse qu'ils supposent, une tension musculaire accrue – et donc, par exemple, un mal de dos qui vient malencontreusement compléter le tableau.
La fatigue visuelle – qui va de la sensation de picotement à la vision double, en passant par la sensation de lourdeur dans les yeux – est directement aggravée par le travail sur écran. Néanmoins, elle procède des mêmes mécanismes physiologiques ci-dessus exposés, à savoir une augmentation de l'état inflammatoire et un abaissement du seuil la tolérance à la douleur sous l'effet du stress.
Les troubles du sommeil sont, dans leur majorité, liés au stress professionnel – ce qui est un résultat inquiétant : le travail est donc la première cause d'insomnie.
Les vertiges liés au stress seraient dûs à une augmentation subite du rythme de la respiration – et à l'hyperventilation qui peut en résulter. Pour le dire autrement, le stress coupe littéralement le souffle, et on a la tête qui tourne...
La fatigue est évidemment le premier symptôme physique évoqué en cas de mal-être au travail, et elle devient rapidement chronique, toile de fond des autres symptômes ici évoqués. Le dérèglement de l'appétit, dans un sens ou dans l'autre, est également fréquent, et d'une façon générale les problèmes gastro-intestinaux.
En clair, les études statistiques menées jusqu'à présent montrent sans ambiguïté les conséquences physiques du stress au travail. Les troubles digestifs et les troubles du sommeil sont les plus souvent mentionnés par les salariés interrogés : les auteurs de la synthèse soulignent en effet la survenue quasi- immédiate de ces troubles en situation de stress, comme première réponse de l'organisme. Or, ce qu'il importe de noter est que ces troubles physiques jouent directement sur le bien-être moral et psychologique : le sentiment de faiblesse ou de malaise qu'ils entraînent ne peut qu'aggraver les conséquences psychologiques du stress, lesquelles trouvent également dans le corps un moyen d'expression direct.
Crédit photo : morpholux
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