lundi 20 février 2012
Managez, inspirez
Tous les styles de management ne se valent pas. Celui que Bass (1985) a appelé management transformationnel serait le plus apte à garantir la sécurité – physique et psychologique – des salariés sur leur lieu de travail.
Dans la tradition des analyses menées par Bass, et au vu des observations de terrain, le manager idéal apparaît comme celui qui
- par ses actions, est un modèle pour ses salariés. Il les encourage à faire passer la sécurité au premier plan, et ne cède pas la place aux pressions liées à une demande d'augmentation de la performance
- sait motiver et inspirer les salariés, en les incitant à se concentrer sur le bien collectif et, si dépassement de soi il doit y avoir, à le focaliser sur la sécurité de tous plutôt que sur la performance individuelle
- sait accorder à chacun une attention spécifique
- stimule intellectuellement les salariés, de telle sorte qu'ils répondent de façon créative aux problèmes qui se posent (et notamment, parmi eux, les problèmes liés à la sécurité).
L'idée majeure de cette démarche est que le style de management fonctionnant sur le schéma récompense-punition est contre-productif, parce qu'il génère du stress et du mal-être au travail. Dans cet environnement défavorable, la sécurité des salariés ne peut être assurée. Au contraire, un style de management par lequel le manager porte le projet d'un environnement de travail sécurisé, et encourage les salariés à le construire par eux-mêmes et pour eux-mêmes, est bien plus profitable sur le long terme et pour tous. Un troisième style de management existe, et il se révèle aussi inefficace et pernicieux que le style autoritaire : il s'agit du management passif ou « laissez-faire leadership ». En ce cas, l'inaction du manager et son incapacité à prendre des décisions ou à répondre aux attentes de ses salariés a des conséquences qui s'inscrivent pleinement du côté des risques psychosociaux : baisse de la performance liée à la démotivation des salariés, insatisfaction professionnelle, manque d'implication.
Dans le cadre d’une étude publiée en janvier 2011 dans la revue Work & Stress, environ 250 jeunes travailleurs, étudiants salariés, répartis équitablement entre hommes et femmes, ont été observés au Canada. Leur moyenne d'âge était de 20 ans, et ils travaillaient en moyenne 20 heures par semaine. Les auteurs soulignent que la participation des plus jeunes à l'environnement professionnel n'est pas sans risque, et que les jeunes travailleurs subissent de plein fouet les conséquences négatives du stress et de la désorganisation éventuelle. Dans une visée contrastive, près de 500 salariés du secteur de la santé ont également été observés et interrogés. Cet échantillon est déséquilibré du point de vue du genre : 455 femmes et 36 hommes seulement. Leur temps de travail hebdomadaire moyen était de 35 heures environ.
Le résultat est qu'un style de management encourageant les salariés à prêter une attention particulière à la sécurité, non pas sur le mode de la coercition mais dans une visée positive de construction d'un environnement de travail collectif sûr, est le plus efficace. Les deux autres styles – laissez-faire ou à l'inverse autoritarisme – créent un stress organisationnel qui crée lui-même en retour des problèmes de sécurité. Dans les deux groupes observés, les résultats sont comparables et vont dans le même sens. Néanmoins, le groupe des jeunes travailleurs se distingue par le fait que ces derniers apparaissent comme encore plus sensibles au style de management. En particulier, leur désir majoritaire d'apparaître comme de « bons travailleurs » les rend particulièrement réactifs, et ce de façon positive, à un style de management inspirant et stimulant intellectuellement.
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