vendredi 11 juin 2010

Veille Documentaire du 01 Juin 2010

Bonjour à tous,

L’actualité de ces derniers jours me conduit à vous parler d’addiction en tant que conduite reposant sur une envie répétée et irrépressible et qui devient le seul centre d’intérêt de la personne, sa raison de vivre. Le plus souvent, ces comportements font l’objet d’images négatives et sont désapprouvées par la société. Parfois au contraire, en fonction de la culture en vigueur, elles sont valorisées et associées à des stéréotypes positifs. Pensez par exemple à l’image du fumeur viril, du cowboy solitaire ou de l’aventurier. Ou encore à celle des « grands bosseurs » récoltant promotions, respect et admiration de leurs collègues et supérieurs…

La relation pathologique au travail, déjà décrite en 1886 dans un roman de Zola et conceptualisée en 1971 par Wayne Oates, concerne aujourd’hui 10 à 20% de la population active (in Pour la Science). Cette dépendance au travail, appelée aussi Workaholism ou Ergomanie constitue un véritable enjeu de santé publique et intéresse la recherche depuis plusieurs années déjà, les Etats-Unis et Japon étant particulièrement prolixes sur le sujet. L’Espagne commence elle aussi à se pencher sur le problème. Ainsi, une étude récente dirigée par le psychologue Mario Del Libano de l'Université de Jaume a démontré que 12% de la population active espagnole était dépendante au travail et que « au-delà de 50 heures par semaine, on passe d'un travail intense, mais normal, à un travail pathologique de type addictif » (in IDPSI Mag).
Selon ses auteurs, sous certaines conditions l’individu va avoir tendance, pour augmenter son bien-être individuel, à réagir en se surchargeant d’activités. Différents facteurs externes et internes vont alors constituer le terreau d’une dépendance au travail : pressions sociales, familiales ou financières, compétition, peur de perdre son emploi mais aussi besoin de réussite et de reconnaissance afin de compenser une carence affective. Notons d’ailleurs que l’Organisation Internationale du Travail estime que 8% de la population active passe plus de 12 heures par jour au travail pour fuir ses problèmes personnels !
Pourtant, si cette réaction sert dans un premier temps à améliorer son équilibre psychique, elle est également responsable de nombreux effets délétères. Au niveau de l’individu, les céphalées, hypertensions artérielles, troubles coronariens, troubles du sommeil, ulcères et dépressions sont couramment retrouvés. La vie familiale est elle aussi impactée car les bourreaux du travail, même physiquement présents, ne peuvent jamais être complètement à l’écoute de leur entourage : « les conjoints et les enfants des « workaholiques » rapportent se sentir seuls, pas aimés et émotionnellement et physiquement isolés » (in Journal Association FSI). Sur le plan professionnel, leur perfectionnisme et leur incapacité à déléguer les tâches sont fréquemment responsables de relations conflictuelles avec les collègues.
L’étude s’attache à trois critères pour poser un premier diagnostic de dépendance au travail : [1°-] « une extrême activité après les heures de travail, durant les week-ends et les congés, [2°-] l'incapacité à déléguer des tâches et un engagement professionnel disproportionné, [3°] la détérioration de la vie quotidienne avec une mauvaise communication interpersonnelle en famille, en société et sur le lieu de travail ».

Dans cette ère où les exigences professionnelles se multiplient et où le travail remplace « tous les canaux de valorisation » (Koorosh Massoudi), il est urgent pour les organisations d’être sensibilisées à ce phénomène. Sa gravité prend en effet des proportions telles qu’au Japon, un mot a été créé pour désigner les morts par épuisement : « Karoshi ». Au niveau des entreprises, cette remise en question commence cependant à poindre et les initiatives pour améliorer un authentique bien être des salariés se multiplient : Canon élabore une charte pour mieux gérer sa santé et impose une journée par trimestre sans mail, Century 21 organise des ateliers de discussions en pleine nature (source de ressourcement !), tandis que d’autres initiatives sont très discutées (un contrat écrit engageant les salariés de F….n à ne pas se suicider ?...)

Je vous encourage à lire le document du Journal Association FSI. Très enrichissant, il a notamment l’avantage de vous proposer le test du Work Addiction Risk ; test élaboré par Robinson. C’est une bonne occasion de se regarder dans le miroir du travail, non ?

Très bonne semaine à tous !


V.B

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