Bonjour à tous,
Au programme cette semaine, une actualité qui s’est montrée riche en réflexions et en remises en question !
Pour commencer, le syndicat professionnel des médecins du travail de La Poste a tiré la sonnette d’alarme dans un courrier datant du 20 Mai. Adressé au président du groupe Jean-Paul Bailly ainsi qu’aux ministres de l’économie, du travail et de la santé, le rapport de cinq pages fait état d’une situation très préoccupante au sein du groupe. Touchant l’ensemble des niveaux opérationnels de l’organisation, les mauvaises conditions de travail génèrent selon les auteurs des « inaptes physiques et psychiques ». De nombreux risques sont soulignés : absentéisme, épuisement, suicides ou tentatives de suicides « dont on peut penser qu’ils sont exclusivement liés à des situations de vie professionnelles », accidents de travail ou encore maladies professionnelles. Pointant les limites des dispositifs d’évaluation du stress mis en place dans l’entreprise, l’absence de moyens suffisants mis à disposition et le manque d’indépendance de la médecine du travail, le rapport à été qualifié par la direction de « procès d’intention inacceptable ».
Au mois de novembre dernier nous avions évoqué le rapport sur le développement du télétravail commandé par Nathalie-Kosciusko-Morizet. Il établissait un potentiel d’expansion du télétravail allant jusqu’à 50% des emplois dans les dix années à venir. L’étude récente menée par l’Observatoire des conditions de travail et de l’ergostressie (Obergo) nuance ce constat. Si elle est de plus en plus développée aujourd’hui, l’activité à distance n’est en effet pas toujours adaptée. Alertant sur le danger des discours prônant un « forcing » du développement du télétravail, les auteurs nous démontrent que la pression à vouloir répandre le télétravail de manière systématique peut relever d’une illusion. Si la majorité des personnes ayant opté pour cette solution se disent satisfaites, les conditions de sa réussite sont complexes et tiennent à un paradoxe : la qualité du travail et l’amélioration de ses conditions de vie se fait en échange d’une augmentation du temps consacré au travail. Selon cette étude, pour que cette organisation puisse avoir un impact positif, trois critères de réussites doivent alors être réunis : [1] les profils des salariés (autonome, aimant travailler seul etc.), [2] les rapports sociaux salariés / entreprises (rapport de confiance notamment) et [3] la spécificité des emplois et des métiers (exercer un métier « intéressant » permettant d’accepter de travailler plus par exemple).
Allant elle aussi dans le sens d’une déconstruction des représentations, une étude récente de TNS Sofrès s’est penchée sur le stress des entrepreneurs de TPE et PME. Au regard de cette analyse, nous apprenons que plus d’un tiers des entrepreneurs dépassent 60 heures de travail hebdomadaires, ressentent plus de stress et de fatigue que leurs salariés et que la moitié de cette population est sujette aux insomnies.
Comment faire du travail un facteur d’accomplissement ? Le dernier ouvrage d’Yves Clot fourmille de pistes de réponses. Il propose une porte de sortie aux dérives gestionnaires centrées sur les vulnérabilités individuelles et employées pour traiter la question de la santé au travail. Son parti pris est clair : si la confusion persiste entre soigner les personnes malades du travail et soigner le travail qui rend malade, nous risquons de dériver vers « un despotisme compassionnel » au service d’un nouveau contrôle social. Pour s’affranchir de cette « tyrannie gestionnaire », le remède réside dans la prise en compte de la qualité du travail et de son sens. Ainsi, en reconnaissant le conflit opposant le domaine de la gestion à celui de la santé, nous évitons de transformer la santé en marchandise et distinguons la psychologie de la toxicologie, la restauration du pouvoir d’agir des collectifs de la tentation hygiéniste.
Si vous souhaitez entendre Yves Clot, invité par France Culture à parler de son ouvrage « Le travail à cœur, pour en finir avec les risques psychosociaux », suivez le lien !
Enfin, du 6 au 9 Juillet, aura lieu à Lille un colloque organisé par l’Association internationale de psychologie du travail de langue française avec pour thème « Le travail dans tous ses états », avec entre autre les interventions d’Anne-Marie Vonthron et de Pascal Tisserant.
A la semaine prochaine !
V.B
Au programme cette semaine, une actualité qui s’est montrée riche en réflexions et en remises en question !
Pour commencer, le syndicat professionnel des médecins du travail de La Poste a tiré la sonnette d’alarme dans un courrier datant du 20 Mai. Adressé au président du groupe Jean-Paul Bailly ainsi qu’aux ministres de l’économie, du travail et de la santé, le rapport de cinq pages fait état d’une situation très préoccupante au sein du groupe. Touchant l’ensemble des niveaux opérationnels de l’organisation, les mauvaises conditions de travail génèrent selon les auteurs des « inaptes physiques et psychiques ». De nombreux risques sont soulignés : absentéisme, épuisement, suicides ou tentatives de suicides « dont on peut penser qu’ils sont exclusivement liés à des situations de vie professionnelles », accidents de travail ou encore maladies professionnelles. Pointant les limites des dispositifs d’évaluation du stress mis en place dans l’entreprise, l’absence de moyens suffisants mis à disposition et le manque d’indépendance de la médecine du travail, le rapport à été qualifié par la direction de « procès d’intention inacceptable ».
Au mois de novembre dernier nous avions évoqué le rapport sur le développement du télétravail commandé par Nathalie-Kosciusko-Morizet. Il établissait un potentiel d’expansion du télétravail allant jusqu’à 50% des emplois dans les dix années à venir. L’étude récente menée par l’Observatoire des conditions de travail et de l’ergostressie (Obergo) nuance ce constat. Si elle est de plus en plus développée aujourd’hui, l’activité à distance n’est en effet pas toujours adaptée. Alertant sur le danger des discours prônant un « forcing » du développement du télétravail, les auteurs nous démontrent que la pression à vouloir répandre le télétravail de manière systématique peut relever d’une illusion. Si la majorité des personnes ayant opté pour cette solution se disent satisfaites, les conditions de sa réussite sont complexes et tiennent à un paradoxe : la qualité du travail et l’amélioration de ses conditions de vie se fait en échange d’une augmentation du temps consacré au travail. Selon cette étude, pour que cette organisation puisse avoir un impact positif, trois critères de réussites doivent alors être réunis : [1] les profils des salariés (autonome, aimant travailler seul etc.), [2] les rapports sociaux salariés / entreprises (rapport de confiance notamment) et [3] la spécificité des emplois et des métiers (exercer un métier « intéressant » permettant d’accepter de travailler plus par exemple).
Allant elle aussi dans le sens d’une déconstruction des représentations, une étude récente de TNS Sofrès s’est penchée sur le stress des entrepreneurs de TPE et PME. Au regard de cette analyse, nous apprenons que plus d’un tiers des entrepreneurs dépassent 60 heures de travail hebdomadaires, ressentent plus de stress et de fatigue que leurs salariés et que la moitié de cette population est sujette aux insomnies.
Comment faire du travail un facteur d’accomplissement ? Le dernier ouvrage d’Yves Clot fourmille de pistes de réponses. Il propose une porte de sortie aux dérives gestionnaires centrées sur les vulnérabilités individuelles et employées pour traiter la question de la santé au travail. Son parti pris est clair : si la confusion persiste entre soigner les personnes malades du travail et soigner le travail qui rend malade, nous risquons de dériver vers « un despotisme compassionnel » au service d’un nouveau contrôle social. Pour s’affranchir de cette « tyrannie gestionnaire », le remède réside dans la prise en compte de la qualité du travail et de son sens. Ainsi, en reconnaissant le conflit opposant le domaine de la gestion à celui de la santé, nous évitons de transformer la santé en marchandise et distinguons la psychologie de la toxicologie, la restauration du pouvoir d’agir des collectifs de la tentation hygiéniste.
Si vous souhaitez entendre Yves Clot, invité par France Culture à parler de son ouvrage « Le travail à cœur, pour en finir avec les risques psychosociaux », suivez le lien !
Enfin, du 6 au 9 Juillet, aura lieu à Lille un colloque organisé par l’Association internationale de psychologie du travail de langue française avec pour thème « Le travail dans tous ses états », avec entre autre les interventions d’Anne-Marie Vonthron et de Pascal Tisserant.
A la semaine prochaine !
V.B
Revues de presse :
La Poste : Libération, L'Expansion, Le Progrès
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