mercredi 7 juillet 2010

Veille Documentaire du 30 Juin 2010

Bonjour à tous,

Voici un bref état des lieux des récentes études scientifiques de notre domaine.


Un paradoxe français
Que faire pour que les français s’épanouissent au travail ? C’est à cette question que différents experts ont tenté de répondre dans un article de l’Express. Pour Dominique Méda, Directrice de recherches au Centre d’Etude de l’Emploi, la grande importance que les français accordent à leur travail est en contradiction avec le souhait de le voir occuper une place moins importante dans leur vie : « Alors qu'en Europe, les Français sont ceux qui placent le plus d'attentes dans le travail (…), ils sont aussi ceux qui expriment la plus grande déception par rapport à celui-ci ». Ce paradoxe tient selon plusieurs études européennes à une originalité française, le travail étant à la fois une valeur précieuse et dans le même temps synonyme de conflictualité, d’absence de confiance et de perte de sens. Ainsi, selon l’étude de Lucie Davoine et Dominique Méda, le degré d’importance accordée au travail rend la population européenne très hétérogène : 40% des danois et des britanniques et 50% des allemands déclarent que le travail est une valeur « très importante ». En France, cette proportion atteint 70% ! Et pourtant, les français sont parallèlement parmi les moins satisfaits du travail en Europe (source Ipsos citée par Yves Clot in Le travail à cœur). Quelle interprétation donner à un pareil tiraillement ?

Le travail devient temps mort
Selon Yves Clot, l’une des sources de ce malaise tient à une sorte de « tricherie sociale » dont la société française a fait l’objet ces dernières décennies (avec entre autre l’avènement des 35 heures) et qui a conduit à ne penser le plaisir qu’extérieur à la sphère professionnelle. Or, si avoir du temps pour sa vie privée a constitué une révolution sociétale, elle s’est également accompagnée d’une réduction du temps à l’intérieur même du travail. En supprimant ses temps libres nous dit Yves Clot, le travail est devenu « temps mort » (In Le travail à coeur, pour en finir avec les risques psychosociaux, 2010).

Le Lean ou l’appauvrissement du travail
L’exemple du Lean management (ou management sans gras) illustre bien le point ci-dessus. Cette démarche, qui vise une amélioration de la performance, intègre différents outils pour rationnaliser le travail et traquer les opérations jugées inutiles pour le client (flux tirés, SMED, cartographie du processus etc). Dans son dernier ouvrage, l’analyse d’Yves Clot sur l’activité des opérateurs de PSA est éloquente : afin de réduire le temps passé à faire des allées et venues entre les machines et les bacs, les pièces sont placées à portée de main des travailleurs. Faut-il pour autant en déduire une réduction de la pénibilité de la tâche ? Réponse négative selon l’auteur qui observe que ces quelques pas peuvent constituer des temps de récupérations utiles pour les articulations (permettant de réduire le risque de TMS) et qu’« éliminer tout ce qui n’a pas de valeur ajouté pour le client final (gestes ou mètre carré par exemple) peut malheureusement conduire à éliminer ce qui est une valeur ajoutée pour la santé ». S’acharner à traquer systématiquement tout « défaut » peut donc conduire à l’inverse de l’effet recherché : une augmentation potentielle des troubles sans garantie de hausse de la productivité. Peut mieux faire !
(In Lettre d’information du département Changement, Travail, Santé; Onglet Documentation)

Bonne semaine à tous !

V.B

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