mercredi 30 mars 2011
Revue de presse - Veille documentaire
Drogues et travail : addiction et auto-médication
Entreprises et Carrières (n° 1041) consacre un long dossier à l’usage de drogues. La prise de substances modifiant l’état de conscience comporte évidemment des risques en milieu professionnel, par exemple sur les chantiers : Bouygues Construction a ainsi mis en place une politique de tests (notamment salivaires, pour repérer la consommation de cannabis). En cas de contrôle positif, le salarié est convoqué devant les RH puis la médecine du travail – on comprend que celle-ci ait au départ émis quelque réserve, l’injonction étant, dans le domaine du soin, plus que délicate à manier, et facilement contreproductive. D’ailleurs, le dépistage pratiqué par le médecin du travail reste évidemment soumis au secret médical. Le dispositif mis en place par Bouygues inclut la mobilisation d’une cinquantaine de salariés des RH ou des services de sécurité santé, lesquels se sont de plus portés volontaires pour être « relais addiction ». Après avoir reçu une formation spécifique sur ce thème, ils orientent les salariés qui en font la demande vers les réseaux de soin et d’accompagnement appropriés. L’évaluation de l’efficacité du dispositif est, comme le note le magazine, difficile à mener. Depuis septembre 2009, 8000 salariés ont été informés du nouveau dispositif (sur un total de 25 000 pour Bouygues Construction) ; 50 ont été retirés de chantiers suite à des tests positifs (alcool ou cannabis) et 30 ont demandé à rencontrer un « relais addiction ». Chez Vinci Construction, à la suite de tests anonymes, c’est 20% des « 1500 collaborateurs contrôlés qui se sont révélés sous l’empire d’un produit susceptible de modifier leur comportement ». Une campagne de sensibilisation, faisant suite à celle lancée au sujet de l’alcool début 2010, est donc en cours : elle doit associer prévention et contrôle.
Au-delà du symptôme individuel que constitue l’usage de drogue, reste le questionnement autour du rôle de l’environnement de travail : « l’entreprise a un peu trop tendance à considérer que les addictions viennent uniquement de l’extérieur, or certaines organisations et conditions de travail, comme les horaires décalés ou la surcharge de travail, peuvent favoriser la consommation de produits psychotropes », selon Geneviève Abadia, responsable du département études et assistance médicale de l’INRS. En ce cas, le salarié a donc recours à une forme de dopage qui le fait « tenir » : dès lors, les politiques de prévention doivent sans doute inclure, outre la sensibilisation individuelle des salariés, une réflexion générale sur les points de l’organisation du travail susceptibles d’augmenter les risques de stress et d’automédication en conséquence.
La sieste, un remède simple contre le stress
Sur FocusRH, on traite sous un autre angle l’idée que l’entreprise manifeste de plus en plus son intérêt à « prendre grand soin de son capital humain » : un cabinet préconise ainsi la sieste sur le lieu de travail, une mesure qui réduirait le stress d’une part, mais également les accidents dûs à la baisse de vigilance à certains moments critiques de la journée. Stress diminué, créativité augmentée, la sieste et l’aménagement du temps de travail qu’elle suppose mènerait à un véritable gain de productivité et, de proche en proche, à une amélioration du climat social global – un constat qui rendrait, selon les auteurs, les directions de plus en plus réceptives à ce type de solutions simples.
Une enquête de l'ANACT sur l'absentéisme
Une enquête récemment menée auprès de 414 entreprises de secteurs et de tailles diverses (de moins de 50 salariés à plus de 1.000 salariés) par l'Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail (Anact) donne les résultats suivants : 20% seulement des entreprises ont un plan d’action spécifique en ce qui concerne le stress et la prévention des risques psychosociaux. Comparés à ceux obtenus dans d’autres pays européens, ces résultats confirment l’intérêt des entreprises françaises pour le sujet (un intérêt mesuré notamment au fort taux de retour des questionnaires) mais également leurs difficultés, à l’heure actuelle, à imaginer et mettre en œuvre des dispositifs concrets et opérationnels.
Crédit photo : Mypouss
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